mardi 12 juillet 2016

Manutention : comment lutter contre le mal de dos ?


Le mal de dos constitue aujourd’hui l’un des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) les plus présents dans le monde du travail et plus encore dans le milieu de la logistique. Les causes restent floues, diverses et variées : stress, postures, port de charges lourdes... 

Ce mois-ci, Logistic News vous propose un focus sur les solutions existantes pour lutter contre ce TMS qui touche plus de la moitié de la population. Tous secteurs confondus, le mal de dos touche aujourd’hui près de 85% de la population française, contre 80% il y a 20 ans. Un fléau qui représente 15% des accidents du travail et 20% des arrêts de travail. En 2014, la manutention manuelle représentait près d’un accident sur deux, contre un sur trois en 1998. Au-delà de la problématique santé, les conséquences économiques sont lourdes : on estime perdre près de 7,5 millions de jours travaillés sur une année, soit un coût d’environ 1,5 milliard d’euros. 


Vous avez dit TMS ?

Les Troubles Musculo-Squeletiques (TMS) se manifestent par une gêne physique pendant l’activité professionnelle. Articulations, muscles, tendons... les sources sont multiples et le dos est très souvent touché. Les TMS induisent des conséquences non négligeables pour le
bien-être au travail : absentéisme, désorganisation, stress ou encore baisse de la performance. 


La manutention manuelle 

La manutention manuelle de charges désigne toute opération de transport par un ou plusieurs travailleur (levage, pose, poussée, traction, déplacement...). Au sein de l’Union Européenne, 34,5% des travailleurs déclarent porter ou déplacer des charges lourdes. Cette activité professionnelle peut provoquer des douleurs multiples, notamment au niveau du dos. 
Plusieurs facteurs entrent en compte :
  • La tâche : exécutée trop fréquemment, la tâche peut être un facteur de risque important. Des positions et des mouvements inhabituels peuvent provoquer des douleurs (dos courbé, bras levés, forte extension...).
  • L’environnement : souvent sous-estimé, l’environement joue un rôle prédominant. Un espace insuffisant, un sol inégal ou un éclairage non adapté peuvent augmenter les risques d’accidents.
  • L’individu : les facteurs individuels peuvent également influer sur le risque dorso-lombaire. Formation, expérience, capacités physiques, antécédents... autant de facteurs à prendre en compte pour assurer des conditions de travail optimales.


Prévenir les risques

Pour anticiper les risques, plusieurs solutions existent. Voici quelques questions à se poser pour prévenir les risques liés à la manutention manuelle :
  • Est-ce que je peux diminuer le poids de la charge ? Par exemple, vous pouvez commander des quantités de produit plus petites afin de fractionner l’effort. Vous pouvez aussi demander l’aide d’un collègue ou utiliser un dispositif mécanique. Pensez également à utiliser des sangles pour mieux appréhender la charge à porter. 

  • Comment diminuer la fréquence de mon déplacement ? Réfléchissez à l’organisation de votre travail et à celui de vos collègues : vous pouvez être force de proposition pour faire évoluer la façon de travailler. Un parcours plus court, un lieu de réception qui change : listez les scénarios possibles afin de limiter vos déplacements. 

  • Dois-je prendre en compte les facteurs environnementaux ? Soyez attentifs au repérage et au dégagement des zones de circulation, ils ont une incidence sur l’éclairage, tout comme les lieux de dépose de la charge. 

  • Suis-je équipé des équipements de protection individuelle adaptés ? Porter des équipements de protection individuelle est un bon moyen de prévenir les risques : gants, chaussures de sécurité, ceinture lombaire, casque... faites le point sur les équipements à votre disposition pour travailler dans les meilleurs conditions possibles !

  • Et si je me formais aux gestes et postures ? Pour adopter les bons réflexes, la meilleure solution est encore de se former ! La formation est l’outil idéal pour  apprendre à adopter les bons gestes et les meilleures postures afin de limiter l’effort physique.


Zoom sur...

La manutention mécanique

Dans une situation de manutention mécanique (utilisation d’engins de levage), les risques sont également présents. Pour travailler dans des conditions optimales, pensez à vérifier les points suivants  :
  • Habilitation de l’employeur. Pour utiliser des engins de levage, un formation (théorique et pratique) est obligatoire. Le contrôle des connaissances et du savoir-faire doit être réalisé régulièrement, tout comme la visite médicale (aptitude physique et psychotechnique). Les consignes spécifiques du lieu de travail doivent également être affichées.

  • Un appareil adapté. L’appareil doit être comptatible avec la nature de la mission (hauteur de levée, inclinaison, charge...). Des accessoires peuvent être mis à disposition pour faciliter le travail (élingue, câble, potence, éperon...).

  • Entretien et contrôle. Avant sa première utilisation, ou pour une remise en service après un arrêt prolongé, l’appareil doit être vérifié par un organisme agréé. Trois types de vérifications doivent être réalisées : par le personnel habilité, avant chaque utilisation (freins, niveau d’huile, avertisseur sonore et lumineux, câbles, vérins...) ; par une société de maintenance qui assure un entretien régulier de l’installation et de ses accessoires ; par un organisme agréé qui procède aux contrôles périodiques obligatoires. La périodicité est définie par la réglementation et varie suivant le type d’appareil. Le plus souvent, elle est annuelle (pont roulant, treuil, portique...) ou semestrielle (chariot automoteur...).

  • Registre sécurité. Pour un sécurité optimale, les vérifications doivent être consignées et consultables afin de retrouver les informations essentielles du contrôle : date de l’intervention, nature, nom de l’intervenant, observations / signalements de toute anomalie...

  • Caractéristiques de la charge. Afin de mieux appréhender la charge, il est nécessaire de bien l’analyser : poids et taille (stabilité de la charge sur l’appareil), nature (matières dangereuses), emballage et signalétique...

  • L’itinéraire à emprunter. L’itinéraire emprunté par l’engin mécanique doit s’inscrire dans les règles de circulation interne du site. Dans ce cas, plusieurs facteurs sont pris en compte : nature du sol, plan incliné, encombrement, hauteur et largeur de passage, bruit, éclairage...

  • Prendre, transporter, déposer votre charge en 5 étapes
1. Fixez correctement votre charge.
2. Vérifier qu’il n’y a pas d’obstacle pendant l’opération.
3.  Assurez vous que la visibilité est optimale lors de la manœuvre.
4. Respectez les consignes de manœuvre.
5. Anticipez la charge complémentaire pour tout nouvel accessoire utilisé (éperon, potence, pinces, rallonges de fourche).

Sources : Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail (OSHA), AMELI & INRS